Ettore menait grand train. Château à Molsheim, écuries et chevaux de race, meute de chasse à courre, auberge privée pour accueillir ses clients, villa sur la Côte d’Azur, appartement bourgeois dans le 16ème arrondissement de Paris, table ouverte aux Grands de ce monde, Rois, Princes, Artistes et Industriels...
Inventeur et travailleur infatigable, personnage hors du commun, génial, têtu, excentrique, exigeant et colérique, Bugatti incarne une époque où l’amour du beau ne se heurtait à aucune contingence matérielle. Prototype du "Patron" (ainsi le surnommait-on) du début du XXe siècle, paternaliste, il connaissait chacun de ses 1.400 employés, apprenant à ses ouvriers un geste à l’établi, accordant des primes à ceux qui économisaient une part de leur salaire, et imposant à son fils, Jean, de faire ses preuves comme apprenti avant de prétendre monter dans les échelons de l’entreprise familiale.
(texte la saga Bugatti, club-bugatti-france)
Le Chef Mécanicien Robert Aumaître (surnommé le Grand Robert) explique ce qui s'est passé en ce jour du 11 août 1939, les circonstances telles qu'il les a vues sur cette petite route près de l'usine :
-"Ch'suis parti chauffer un coup, deux coups... et en revenant, y'a la 57 de Jean qui m'a vu. On avait l'éclairage du Mans, avec 3 phares. On avait un phare dans l'milieu... on voyait comme en plein jour.
Il m'a fait des appels de phares et il a mis sa voiture entre les arbres puis il est venu jusqu'à moi.
Il m'a dit "Dis-donc, le tableau de bord n'est pas éclairé ?"
J'ai dit "Moi, tantôt, j'en ai pas eu besoin... et puis, en chauffant, j'ai pas fait attention..."
Il me dit "Tu vas monter à côté de moi et tu vas pomper une cigarette sur le compte-tours et quand on sera à 5000 tu me taperas sur la jambe pour que je mette une vitesse."
Alors, j'avais la cigarette au compte-tours... 5000, Poum sur la jambe, deuxième... 5000, Broum troisième, quatrième... à l'époque on faisait 235 (km/h) sur la ligne droite...
Au carrefour, y'avait Lucien, le mécanicien qui était avec moi. Y'avait un maît' d'hôtel au bout de la route, côté Duttlenheim, puis le garçon d'écurie à l'aut' bout, côté Entzheim, pour prévenir les gens de c'qu'y avait une Bugatti qui faisait des essais...
(grande respiration...)
et on a fait 4 lignes droites.
Il a dit "Bon, ben, ça va... tu rentres"
Il est descendu et puis, avant d'arriver à sa voiture, il a gueulé "Robert !"
donc j'suis pas parti. J'ai attendu.
Il est revenu et m'a dit "Ecoute, je vais encore faire un coup tout seul et tu vas me dire comment ça passe ?"
(silence...)
Il est parti, il a viré, il est revenu et il a passé devant moi, plein pot... et 150 mètres après : BANG ! Explosion.
Je l'ai emmené tout de suite à l'hôpital.
A l'hôpital, j'ai appelé le Professeur Fontaine et le Professeur Lorich. Fontaine est allé voir Jean - c'est lui qu'est arrivé le premier, avant Lorich - et il est revenu et m'a dit "Ecoute Robert, Monsieur Jean est mort".
Le 4 février 1997, à 93 ans, "Le Grand Robert" comme on le surnommait, décède après avoir passé ses dernières années à Molsheim, où il a également été enterré.
Peu de temps avant sa mort, il disait qu'il rêvait encore à ce drame survenu 58 ans plus tôt...
Source : https://www.youtube.com/watch?v=r1Q-1OmsDHo
Joseph Walter est le dessinateur de l'ombre... C'est lui qui traduit sur la planche à dessin les idées que lui soumet Monsieur Jean. Il occupe un petit atelier au sein de l'usine que Jean visite chaque jour pour donner des orientations...
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